Marine BOUILLOUD

Notes extraites du catalogue DNSEP 2004, diplômés des écoles supérieures d'art de Bretagne

A l'origine de ma pratique picturale, il y a un questionnement sur la représentation et, dans les séries de peintures récentes, comme une sorte de défi à certaines images télévisuelles et à leur pouvoir. En 2003, j'ai commencé à photographier des images télévisuelles issues d'émissions populaires (real T-V, talk-shows, reportages racoleurs). Je peignais d'après ces photographies des arrêts sur images pour contrecarrer leur défilement obsessionnel à l'écran et redonner du temps à la réflexion. Il s'agissait de REprésenter, c'est-à-dire d'interpréter, de détourner et de moquer par les moyens de la peinture le sens de ces stéréotypes formatés pour la masse et la rentabilité.
En jouant sur l'installation des tableaux-écrans entre eux sous forme de diptyque « miroir » (confrontant le spectateur Narcisse à l'écran Dieu... Donnons aux vieux) sous forme de croix latine (A confesse) ou de travelling (Il était une fois le droit de savoir) ces tableaux caricaturent la société du spectacle et la télé poubelle… sans oublier d'entarter, au passage ses icônes (Lara, Michal et Elodie).
Le temps contemplatif de la peinture vient alors déjouer le défilement obsessionnel de l'image cathodique et son nivellement.

Marine Bouilloud, juin 2004


À propos des peintures de Marine Bouilloud

Pour Art à la pointe 2005, le travail de Marine Bouilloud a été réalisé spécifiquement pour considérer l'espace particulier de la chapelle de Lambabu mais aussi pour apporter une réponse singulière au thème de la manifestation de cette année : le dialogue. Dialogue entre passé et présent, dialogue entre l'individu, fan / idole et la collectivité et enfin dialogue entre nos travaux respectifs puisque nous traitons tous deux du glissement du fait religieux. Son investissement s'inscrivant de mois en mois en totale cohérence avec les problématiques que développait sa peinture par le passé ; à savoir une réflexion sur l'image cathodique. Des images, des peintures iconoclastes pour con(mp)ter les déplacements du fait religieux de l'Église aux médias, matérialisant au passage la place omniprésente tenue par la confession et la morale à la télévision. Réflexion sur la composition, l'infrastructure du tableau en diptyque, en croix ou tout simplement en articulant sa place dans la chapelle pour poser la question du simulacre religieux. Ses peintures cherchent à sensibiliser, voir extirper le spectateur de la morale judéo-chrétienne pour lui permettre d'élaborer une réflexion sur la peinture et sur les fonctions revêtues par les icônes. Ses sources d'inspiration : Les phénomènes médiatiques et le culte des images observées dans notre société de consommation, les formes de croyances qui en découlent, le voyeurisme dont font état les talk-shows télévisuels et radiophoniques comme les « Sans Sommeil » de Macha Béranger sur France Inter ou des émissions tel Vie privée / Vie publique sur France 3, l'iconographie religieuse, l'image et ses représentations à travers l'histoire de l'art et de la peinture en particulier, les peintres de la Nouvelle Figuration, les écrits de Philippe Dagen…

Alain Guiavarch, mai 2005, extrait du catalogue Art à la Pointe 2005